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Le blog de la Gauche du Réel à Maisons-Alfort
5 juin 2007

Soyons écolo et social-démocrate !

On nous le dit, on nous le répète, pour bien vivre il faut être écolo, bio, développement durable,  HQE, anti-OGM et tout un tas de choses qui bien qu’imprécises, tournent autour d’une prise de conscience récente : les sociétés humaines sont arrivées à un niveau où leur impact peut profondément modifier l’état naturel des choses.                                                            

Mais quelle place doit occuper l’écologie dans le débat politique ? Est-ce juste un choix de vie, un néoromantisme, un énième retour aux sources et à l’utopie d’une harmonie naturelle bienveillante ou trouve-t-on dans cette question écologique matière à une analyse politique ? Y-a-t-il derrière un choix de société, un impact sur notre idéologie qui doit être traduit en propositions politiques cohérentes ?

Cette contribution a pour objet d’essayer d’éclaircir notre approche de l’écologie en tant qu’élément politique.

A.   Quelques constats

·       La question écologique a pris une place importante et nouvelle dans nos préoccupations quotidiennes.

·       Elle pose des problèmes de biodiversité, de réchauffement planétaire, de catastrophes climatiques, de risques épidémiologiques, d’infertilité, de raréfaction d’éléments vitaux (eau, terres cultivables, forêts, ressources halieutiques, ), de migration en masse de populations habitant en zones potentiellement inondables (dans un futur assez proche pour certaines), de gestion des déchets, de pénurie de certaines matières premières, etc …

·       La question occupe une place importante et nouvelle dans la réflexion économique (chiffrage du coût du changement climatique, prise en compte ou pas des objectifs de Kyoto, programme européen Reach d’évaluation des substances chimiques, investissement ou pas dans des technologies non polluantes, …)

·       Elle s’est invitée dans les débats des dernières élections présidentielles par la charte écologique de N. Hulot, cette initiative ayant été favorablement accueillie par l’opinion.

·       Et pourtant, la dernière élection a vu quasiment disparaître la seule force écologique politique représentative et n’a pas induit de réorientation majeure du discours politique (on y a parlé chômage, sécurité, identité bien avant de parler écologie reçue comme une fausse évidence consensuelle)

En substance, la question écologique est paradoxale : elle donne l’impression d’être une question importante sinon fondamentale, alors que le discours politique oscille entre un catalogue pour le rayon bricolage (récupérons l’eau, changeons les ampoules, compostons nos déchets, …) et les bonnes intentions (il faut moins polluer, il faut se déplacer à vélo, il faut construire HQE,  …), sans réel relais programmatique vu comme sérieux et réaliste.

B.   Les idées fausses

L’écologie véhicule son lot de peurs, de fantasmes, d’emphase ou d’aveuglement.

·       L’écologie, c’est sauver la planète. Non, la planète survivra très bien à nos erreurs, mais si nous changeons trop la chimie de notre atmosphère, si nous réduisons trop fortement la biodiversité, si nous ne trouvons pas un équilibre entre nos besoins et ce que peu offrir la planète, nos sociétés sont sures de disparaître, et potentiellement l’espèce humaine aussi.

·       L’écologie est une affaire d’individu. Non, c’est une affaire de société. Un individu a un impact faible, en bien ou en mal, sur son écosystème. Seule la somme concertée des actions individuelles peut changer cet impact collectif. Dans ce sens, la politique est un élément indispensable à la prise en charge du problème.

·       Il suffit de taxer les pollueurs pour diminuer le problème. Est-on sûr déjà de tous les connaître ? La taxe est une approche bureaucratique simple, qui a des chances de fonctionner à court terme. A long terme, il est probable qu’un impôt comme la taxe carbone créera une économie de la pollution (on trouvera un équilibre entre le pollueur, le consommateur et le dépollueur, et le progrès s’arrêtera). La bourse du carbone est aussi un moyen de coercition à condition de diminuer régulièrement les quotas et de vérifier que des biais polluants ne se créent pas.

·       L’écologie est une histoire de catalogue de bonnes pratiques individuelles. Non, c’est insuffisant et par ailleurs les bonnes pratiques d’un individu peuvent se révéler collectivement néfaste (par exemple, rouler au carburant bio est très bien, sauf si cela induit une non-maîtrise des rejets et de la consommation d’eau et d’énergie pour le produire : ce doit être une opération maîtrisée et optimisée collectivement).

·                 L’homme n’a pas de réels impacts forts et durables sur la planète. Cette position en forme de déni irresponsable est une position souvent prises par des personnes qui défendent l’individualisme à tout pris, qui ont du mal à lier leur destinée à un tout à destiné solidaire : la liberté totale de l’individu dans un espace infini aux ressources inépuisables.

C.   Les obstacles à une vraie politique écologique

L’écologie en tant que réflexion politique souffre d’un certain nombre de handicaps.

·       L’écologie a longtemps eu une image de « gens pas sérieux ».

·       L’écologie implique une vision cohérente à long terme alors que la mode est au surf, à l’immédiat, à l’apparence.

·       L’impact écologique planétaire est un fait nouveau et peu perceptible (avant, nous vivions dans un monde « infini » qui absorbait tout ce que nous rejetions, notre impact ne posait pas vraiment problème à nos yeux) ; l’existence du problème n’est donc pas encore un fait acquis.

·       L’écologie s’oppose à la croissance économique et l’on privilégie invariablement la croissance dans l’offre politique : c’est vrai dans le modèle actuel qui est basé sur des énergies polluantes et qui est expansionniste en terme de territoire, mais ce n’est absolument pas une fatalité. Déjà certains modèles comptables intègrent le surcoût de la pollution.

·       L’écologie s’oppose à des choix de société assez récents : c’est vrai en matière d’urbanisme, de transport, de développements énergivores, … mais là aussi, ce n’est pas une fatalité : de nouvelles solutions écologiques peuvent apporter un progrès social (désenclaver un territoire par le développement de transports en communs ou la production d’énergie renouvelable par exemple).

·       Dans l’esprit des gens, l’écologie est un problème finalement mal défini, qui inclut informellement le changement climatique (voire la rupture climatique), la pression de nos sociétés sur les écosystèmes qui induit une diminution de la biodiversité, des changements des équilibres chimiques de l’air, de l’eau et du sol. Mais elle inclut tout aussi bien la protection des espaces et des paysages naturels ou la remise en cause de pratiques socioculturelles comme la chasse. Cela tient plus de l’inventaire à la Prévert que d’une définition rigoureuse d’un problème.

D.   La gauche et l’écologie aujourd’hui

Comparativement, les mouvements altermondialistes sont plus en pointe sur la question mais ils apparaissent sur la question écologique plus comme des mouvements conservateurs voire réactionnaires en quête d’une sorte de replis sur un monde « idéal » s’appuyant sur une « harmonie agricole » (le bon sauvage est devenu l’agriculteur récoltant respectueusement les fruits de la terre nourricière et commerçant dans un monde policé). Nous nous ancrons dans un monde qui se développe, qui progresse, pas un monde qui se replie sur lui-même, voire récessionniste pour certains points de vue extrémistes (sans doute les héritiers contemporains de Malthus). Le développement durable est tout à fait compatible avec une économie florissante qui se projette à long terme.

Les verts ont probablement eu le tord de défendre l’écologie sans développer un modèle de société acceptable par la majorité, sans aborder la question économique de façon réaliste, sans traiter l’antagonisme qu’il y a entre sortir de la pauvreté et générer moins de richesses pour mieux maîtriser l’impact écologique. Enfin, ils se sont perdus dans des contradictions comme le souhait de faire disparaître le nucléaire et d’émettre moins de gaz à effet de serre (après avoir été incohérents 30 ans plus tôt avec la promotion du charbon contre le nucléaire) et ont voulu mélanger des problèmes culturels comme la chasse avec la question écologique, ce qui est totalement contre-productif.

Et nous, où en est notre réflexion, quelle est notre offre, qu’est-ce que l’écologie dans notre corpus idéologique ? Force est de constater que nous n’en sommes qu’à une prise de conscience et que ce serait une erreur d’en rester là, voire une faute à court terme.

E.   Sommes-nous « écolo-compatibles » ?

La socdem est par essence réformiste, radicalement réformiste. L’idée de s’adapter aux nouvelles donnes est naturelle. Il n’y a donc pas d’obstacle à la prise en compte de l’émergence du fait écologique (contrairement aux partis conservateurs de droite qui eux ont un vrai problème avec l’écologie, au point de nier ses changements climatiques par exemple, les mettant sur le compte d’un cycle naturel).

Nous défendons une approche de société solidaire (contrairement à l’individualisme ambiant et à l’approche « que tous se débrouillent seuls et que les plus forts gagnent » de la droite). Or la lutte contre le réchauffement climatique est par essence une lutte collective, tant au niveau de la production que de la recherche de nouvelles technologies et organisations respectueuses de l’environnement.

Enfin, nous défendons l’idée d’un état qui intervient où il le faut, quand il le faut et ici aussi, la seule intervention des individus ne suffira jamais à contrer la dégradation écologique.

Si l’on examine les réalisations social-démocrates, on peut constater qu’elles sont en phase avec les idées générales du PS (sur ce point, nous ne nous distinguons pas fortement) :

-        incitations fiscales (au niveau régional) pour les travaux liés aux améliorations écologiques (chauffe-eau solaire, isolation des logements et des bâtiments…)

-        promotion des transports en commun

-        urbanisme visant à réduire la circulation automobile

-       

En première conclusion, on constate donc que notre approche générale des problèmes est tout à fait en phase avec le fait écologique, mais que nous n’en tirons pas un avantage politique parce que trop timide, insuffisamment réfléchie et clairement énoncée.

II.            La question écologique au sein de l’idéologie social-démocrate

Il serait prématuré de prétendre avoir une écolo-idéologie, mais on peut essayer d’en tracer les contours :

·       Le droit écologique doit être aux sociétés ce que sont les droits fondamentaux aux hommes et aux citoyens.

·       Nous défendons l’idée que l’écologie est un élément de citoyenneté, elle implique chacun d’entre nous, dans un mouvement commun, vers un but commun.

·       Nous défendons l’idée d’une société qui a compris qu’elle n’évoluait pas dans un espace infini, et ne disposait pas de ressources inépuisables.

·       Nous devons pouvoir évaluer l’impact sur l’environnement de chacune de nos décisions politiques.

·       Nous voulons avoir une action collective et volontariste de manière à diminuer autant que faire se peut notre pression collective sur l’écosystème.

·       Nous devons favoriser et donner un accès égalitaire aux technologies écologiques : c’est notre intérêt collectif.

·       Nous devons promouvoir ces idées auprès de tous les peuples et les aider dans ce combat.

En terme d’outils, nous voulons nous doter d’outils qui garantissent la croissance économique et qui vont dans le sens d’une diminution de notre pression écologique : nos modèles énergétiques, de transport, d’organisations industrielles, d’urbanisme et de santé sont à retravailler.

Nous défendons l’idée d’une croissance économique compatible avec les impératifs écologiques. La croissance ne s’oppose pas aux impératifs écologiques si on choisit des énergies modes de production et de consommation  adaptées et. Elle sera même un outil qui renforcera ce mouvement dès que les modèles de développement durables qui incluent le coût de la trace environnementale auront été largement mis en place. Au contraire, l’écologie peut être source de croissance économique par la production de nouveaux biens (matériaux isolants, énergies propres,  produits et matières recyclées).

Avec nos partenaires Européens, nous devons être le fer de lance du programme Reach d’évaluation des substances chimiques sur l’homme, en interdire les plus dangereuses et développer la recherche d’alternatives technologiques respectueuses de l’environnement.

Avec nos partenaires Européens, nous devons définir une nouvelle Politique Agricole Commune qui favorise le respect de l’environnement.

Avec nos partenaires Européens, nous devons définir une politique commune des transports de marchandises qui mette fin au dumping social et aux subventions déguisées aux transporteurs routiers, et qui investie dans les infrastructures nécessaires au ferroutage et au transport fluvial.

Nous défendons la sortie raisonnée du nucléaire, c’est à dire quand on pourra le remplacer par une des énergie plus sure et moins polluante. Mais nous devons nous doter d’un mécanisme qui montre clairement la voie, qui permet de tracer le chemin à parcourir et de mesurer ce qui a été parcouru.

Nous devons instaurer des normes drastiques pour développer les constructions HQE et corriger les erreurs de l’existant.

Dans toutes nos actions, nous devons faire un bilan écologique pour identifier nos faiblesses et nos axes de progrès en matière de développement durable.  Sur la base de ces résultats, nous devons privilégier les technologies les moins énergivores et les plus propres, et les promouvoir par un système de taxe variable en fonction des qualités écologiques des produits (+X% pour les polluants, - X% pour les plus écologiques).

Au niveau mondial, nous devons défendre l’idée de barrière pour les produits qui ne respectent pas une charte écologique minimale.

III.         Conclusion

Cette contribution est très insuffisante pour être à la hauteur du reste de notre corpus idéologique. Elle doit cependant contribuer à alimenter le débat sur le sujet de façon à proposer rapidement une offre politique responsable et cohérente sur le sujet.

                                                                                                          

La difficulté en ce qui concerne l’écologie en politique est d’éviter de proposer un catalogue d’idées plus ou moins bonnes et de ne pas prendre le recul nécessaire pour une réflexion politique cohérente qui lie la société et l’écologie. Il est plus facile de jouer sur les ressorts individuels que sur une conscience collective. Cependant, l’individualisme en écologie est au mieux voué à l’impuissance, au pire source d’accélération des conflits qui se font jour entre nos sociétés et l’écosystème, et la santé de nos semblables.

Bloggy Bag et Dominique M (site des "3Socs").

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