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Le blog de la Gauche du Réel à Maisons-Alfort
24 juin 2007

La femme fatale : changer le monde ou changer son monde ?

Voici une fiche de lecture sur le livre "la Femme Fatale", pour ceux qui ne l'auraient pas encore lu, rédigée par Dominique Mennesson. Bonne lecture ! ************************************************************

Fiche de lecture : "La  femme fatale", par Raphaëlle Bacque et Ariane Chemin :

A quand remonte le début de l’histoire de la campagne présidentielle de Ségolène Royal dont (presque) personne n’avait vu venir le début et encore moins la chute ? Et si tout commençait par la rencontre opportuniste de deux personnalités qui ont en commun un puissant mélange d’intuition et d’ambition ? Et si ce mélange d’intuition et d’ambition n’était pas le dénominateur commun de tous ceux qui ont pris le train de la candidate du PS ? Triomphante en 2004 aux élections régionales à la tête d’une petite équipe soudée, Ségolène Royal a l’intuition que le non au referendum européen ouvre un espace pour une autre façon de faire et d’incarner la politique. Les Français ont mis au placard une génération usée de politiciens. Il y a une opportunité pour du sang et des habits neufs, et elle compte bien l’occuper, elle qui a toujours attendu son tour. Nathalie Rastoin, directrice de l’agence de publicité Ogilvy et Mather France, professionnelle de l’analyse des sondages qualitatifs, flaire une nouvelle tendance : demain sera féminin (slogan utilisé d’ailleurs avec succès par les 3 Suisses). Elle pense qu’il y a matière à appliquer le concept marketing de disruption au monde politique que les français rejettent : instaurer un rapport direct entre le consommateur et le produit, basé sur une relation émotionnelle (parce que tu le vaux bien de L’Oréal). Un attelage baroque est né qui va lancer une fusée dans la vie politique française. Ségolène se projette en candidate. Elle rencontre de nombreux professionnels des études d’opinion, des chercheurs, des férus en communication. Elle se fait convaincre que le non au referendum doit beaucoup à l’irruption de l’internet dans la vie politique. Elle y voit une forme moderne de la démocratie participative, étendard de sa communication picto-charentaise. Benoît Thieulin trouvera enfin un débouché à ses talents : ce sera la création de la plate-forme des sites internet Désirs D’Avenir.

Partie la première, Ségolène Royale caracole en tête dans les sondages et les autres candidats sont à la traine. En quelques semaines, les sites DDA ont déjà reçu plus de 200 000 visites. Quelques dizaines de modérateurs sont déjà arrivés en provenance de la jeune communauté des internautes et animent avec passion ce réseau tandis que les cadres du PS sont encore pour beaucoup dans l’indécision. Qui soutenir ?

Que se passe-t-il avec François Hollande ? Même les intimes du couple n’y voient pas clair. Quand se profilent les primaires, c’est l’apogée. Ségolène est comme habitée, convaincue de sa victoire. N’est-elle pas en tête dans les sondages ? Ses deux compétiteurs essayent bien de la contrecarrer sur le terrain du contenu ou en soulignant les faiblesses de certains de ses concepts comme la remise dans le droit chemin des jeunes primo-délinquants par des militaires. Pas grave, on rajoutera « dans l’humanitaire » et la ferveur des militants ne fléchira pas, « puisque c’est elle. ». Elle triomphera aux primaires pour la grande joie de ces adorateurs. 

Mais quel est le ressort de la force qui l’anime ? Parmi les déçus du 16 novembre, beaucoup se poseront cette question sans trouver la réponse. Et si cette force était sa faiblesse à venir ? Passés deux mois de torpeur légèrement chahutée par des polémiques sur quelques bourdes oratoires, la gauche dans son ensemble commence à s’inquiéter. Les sondages sont en baisse, Sarkozy est passé devant et Ségolène ne communique rien de concret sur son projet présidentiel.

Avec François Hollande, la cacophonie dans les déclarations oblige ses directeurs de campagne à faire de pénibles séances de rétropédalage. Pourquoi cette absence de coordination entre son QG de campagne (appelé le 2-8-2) et Solférino ? Un comité stratégique est créé avec les plus grosses pointures. Il ne sera jamais sollicité et ne se réunira pas une seule fois. Bientôt, la petite entreprise du 2-8-2 ne sait plus comment retrouver l’élan des primaires. Sarkozy occupe les media, et de l’autre côté, l’équipe de campagne est bien en peine de produire du contenu derrière les concepts marketing.

Par peur de donner trop d’espace au parti et à ses "poids lourds", elle préfère consulter ici et là quelques experts, anciens fonctionnaires ou chercheurs universitaires. Pourtant leurs contributions ne seront pas utilisées, elles s’entasseront sans vie dans les placards, tous comme celles que de nombreux intellectuels enverront spontanément. Car tout doit être dans la réactivité et l’air du temps. Souvent Ségolène annule une visite, change de destination au dernier moment. Les journalistes l’attendront longtemps. Les ouvriers de Citroën en grève pour obtenir primes et augmentations ? Elle fonce les voir et surfe sur la vie trop chère. Christophe Chantepy, le bras droit fidèle, son ancien directeur de cabinet quand Ségolène était au gouvernement, est lui aussi dépassé. La politique énergétique ? Le financement des retraites et de la santé ? Personne ne se soucie de construire un argumentaire. Pourtant, les compétences ne manquent pas dans les commissions du parti. Elles ne seront pas sollicitées.

La sanction tombera avec un score historiquement bas pour la gauche au premier tour. Comment appréhender le second tour ? Et soudain Ségolène Royal lance cet appel enflammé à François Bayrou, devenu républicain moderniste providentiel, lui qui était encore une semaine auparavant vilipendé comme l’autre homme de droite par François Hollande. Ce changement de dernière minute ne fonctionnera pas. Celle, qui lors débat final avec Nicolas Sarkozy nous dira dans les derniers mots de son argumentaire « parce que je suis la mère de quatre enfants » ne sera pas élue. Mais quelle était la motivation réelle de Ségolène Royal : changer le monde ou changer son monde ?

C’est le fil rouge de ce livre qui, de flash back en découpages thématiques, essaye de mettre au jour l’ensemble des faits pour répondre à cette question. Mais c’est au lecteur d’imaginer la réponse. _________________

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