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Le blog de la Gauche du Réel à Maisons-Alfort
9 mai 2012

Comprendre le " Hollandisme "

Europe, rassemblement, jeunesse : un abécédaire du "hollandisme"

LE MONDE |08.05.2012 Par Françoise Fressoz

Expérience de la rigueur dans les années 1980, proximité avec Jacques Delors dans les années 1990, premier secrétariat du PS, traumatisme du 21 avril 2002 : de toutes ces expériences, le président élu a tiré des conclusions qui ont forgé son projet.
  • Aboutissement

Une façon de revendiquer sa cohérence et de refuser la forme de rupture qu'avait incarnée en 2007 Ségolène Royal. Lui a toujours inscrit son parcours dans la fidélité aux anciens, tançant ses camarades qui, au lendemain des trois défaites présidentielles de 1995, 2002 et 2007, se demandaient s'il ne fallait pas être plus à gauche ou plus à droite.

"Je revendique la continuité comme condition de crédibilité, et je regrette la culture d'autodénigrement que pratiquent nombre de socialistes à l'égard de leur parti", n'a-t-il cessé d'affirmer.

  • Chef

Sa "présidence normale" ne signifie pas une présidence effacée : "Les Français veulent un président actif, engagé, occupant pleinement sa fonction exécutive", estime-t-il. Ce qu'il condamne en revanche, c'est l'omniprésident "maître de tout, seul en scène, acteur unique de la France" et finalement "condamné à l'impuissance". Il se voit comme "le premier des citoyens" plutôt que comme "un chef de régiment".

  • Clivage

Affirmer le clivage gauche-droite, c'est lutter contre "l'indifférenciation, l'absence de repères" qu'il a vu poindre au lendemain du 21 avril 2002. De nouveau, au moment de la crise financière de 2008, il a redouté "le brouillard idéologique" lorsqu'il a vu Nicolas Sarkozy réhabiliter l'Etat à coup de milliards d'euros.

  • Contrat

C'est le fondement du "hollandisme" : l'Etat fixe des objectifs, puis contractualise avec les entreprises, les syndicats, les collectivités locales. Une forme d'hommage à Jacques Delors.

  • Cramponner

La Corrèze, terre chiraquienne dans laquelle il a débarqué en 1981 et à laquelle il s'est "cramponné" malgré les difficultés pour finalement la conquérir et en faire une terre hollandaise. Il a beau refuser qu'on la voie comme un laboratoire, il s'en est habilement servi pendant toute la campagne pour cultiver les vertus rassembleuses du "père" (Henri) Queuille, auquel aimait aussi à se référer Jacques Chirac.

  • Décentralisation

L'une des conditions pour "réussir le changement" : il veut donner l'autonomie fiscale aux collectivités locales et, en contrepartie, obtenir d'elles une gestion rigoureuse. La réforme de l'Etat dépend en grande partie de la réussite de "ce contrat".

  • Démocratie sociale

François Hollande veut faire des syndicats de salariés les acteurs du changement. Il a promis de redéfinir le rôle respectif du contrat et de la loi, et de leur garantir une autonomie normative dans la Constitution. Mais il ne s'appesantit pas sur leur faiblesse, qui est réelle, notamment dans le secteur privé.

  • Electorat populaire

Il a pris conscience du décrochage des catégories populaires après le 21 avril 2002. A l'époque, il pense que la gauche a négligé la valorisation du travail. Sept ans plus tard, il lie leur désenchantement à "l'incapacité de faire vivre un idéal européen". S'il récuse fermement "la tentation protectionniste" et "la surenchère sociale", il reste flou sur la façon de leur rendre espoir.

  • Etat

Il le veut "stratège, impartial, au service des Français", plaide "pour une rénovation profonde des instruments de l'action collective", mais n'en dit pas plus. Frustrant.

  • Europe

De sa proximité avec Jacques Delors dans les années 1990, jusqu'à sa volonté d'engager le Parti socialiste derrière le traité constitutionnel européen en 2005, tout le parcours de François Hollande est un engagement en faveur de l'Europe. "C'est la grande affaire du siècle qui vient", affirme-t-il en 2009.

En même temps, il constate que "les gauches portent des objectifs pour l'Europe que sa taille, son organisation et son budget n'autorisent plus", et se dit de plus en plus inquiet d'une "dérive populiste".

  • Extrême gauche

Contrairement à Lionel Jospin, il n'a jamais eu de proximité avec l'extrême gauche ni d'indulgence pour elle. "Les socialistes n'ont pas à courir derrière elle. Ils ne recevront rien en retour, pas même de la considération", prévient-il.

  • Gouverner

En mars 1983, alors tout jeune énarque, il est, aux côtés de Max Gallo, porte-parole du gouvernement, pour tenter de faire passer dans l'opinion le tournant de la rigueur. Mission impossible. Il en tire la conclusion que tout aurait été beaucoup plus simple si, au lieu de considérer ce tournant comme "une parenthèse", les socialistes l'avaient assumé comme un changement nécessaire. De cette expérience douloureuse découle son choix assumé pour le réformisme et l'idée qu'il faut cesser l'hiatus entre gauche de gouvernement et gauche d'opposition.

  • Gouverner (durablement)

Il se souvient du traumatisme de 2002 : Lionel Jospin avait eu le sentiment d'avoir obtenu des résultats en termes de croissance et d'emploi, et pourtant, il ne figurait pas au second tour de l'élection présidentielle.

Leçon comprise : gouverner durablement suppose non seulement de "hiérarchiser les choix et de dire la vérité sur les marges de manœuvre", comme le faisait Lionel Jospin, mais aussi de vérifier régulièrement, en cours de mandature, que le contrat passé avec les Français reste valable.

  • Idées

Pour lui, il n'y a pas de conquête politique durable sans victoire idéologique préalable. Nicolas Sarkozy avait remporté la partie en 2007. Cette fois, il veut croire que c'est son tour. Il estime que la crise économique a ouvert un nouveau cycle où tout doit être revisité : "Le pilotage de la politique économique, la place des services publics, le contrôle des banques, la hiérarchie des rémunérations, l'organisation du travail, les modes de production et de consommation." Après le triomphe de "l'argent roi", il table sur "un retour de l'intérêt général et la sobriété des comportements".

  • Impôt

Auteur, en 1990, d'un rapport parlementaire sur la fiscalité du patrimoine, François Hollande a toujours assumé son goût pour l'impôt. "Je suis convaincu qu'il faut assumer la confrontation avec la droite sur l'enjeu fiscal. Il révèle deux conceptions de la société, oblige à la responsabilité", écrivait-il en 2009.

Il n'hésite pas à se démarquer à la fois de Laurent Fabius, qui avait engagé à Bercy une politique de baisse des impôts, y compris en faveur des plus hauts revenus, et de Ségolène Royal qui, en 2007, n'avait pas voulu mettre l'accent sur l'impôt de peur d'effaroucher les classes moyennes.

  • Jeunesse

Il juge depuis longtemps qu'elle est la "grande sacrifiée de la société française" et que ses difficultés sapent l'idée de progrès. Il fait sien le credo de Pierre Mendès France, qui jugeait que "le plus rentable des investissements est celui que nous consacrons aux écoles".

  • Justice

Ce sera le fil rouge de son quinquennat car il sait que les réformes difficiles ne seront acceptées que si elles paraissent justes.

  • Raison

Il la revendique comme antidote à "l'hystérie et aux peurs" agitées par la droite. Il s'en sert aussi pour recadrer la gauche radicale : "L'enjeu n'est pas simplement de gagner magnifiquement, mais de gouverner durablement."

  • Rassemblement

François Hollande l'assure : "Les socialistes ne dirigeront pas seuls le pays." Ses alliés naturels sont les radicaux de gauche, les écologistes et les communistes, mais l'idée d'une coalition plus large ne l'effraie pas, à condition que les termes du contrat soient clairs.

  • Vérité

"La dire, estime François Hollande, ce n'est pas un reniement, une prudence, une tiédeur, ce n'est pas l'abandon de l'utopie. Au contraire, c'est la marche politique qui permet d'être conforme à l'idéal." Mais la dit-il toujours ?

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