Alors que la campagne officielle s'achève ce vendredi 15 juin à minuit, synonyme d'interdiction de publier de nouvelles études d'opinion, les derniers sondages publiés en rafale ce matin, étayés par des projections en sièges, nous livrent leurs derniers enseignements. Majorité absolue pour le PS, l'UMP confrontée aux limites de la stratégie du ni-ni, les ténors en difficulté, le gadin du Front de Gauche, la revanche des écolos... Retrouvez toutes les dernières clés du dernier scrutin avant 2014.

VERS UNE ASSEMBLÉE ROSE BONBON

Pari réussi pour François Hollande? Si les sondages se confirment, le président de la République pourrait disposer d'une majorité absolue (289 sièges) à l'Assemblée nationale sans même avoir recours au soutien de ses alliés écologistes et du PRG. Selon une projection d'Ipsos-Logica Business Consulting pour France Télévisions, Radio France et Le Monde, diffusée ce vendredi, le PS et les divers gauche obtiendraient de 284 à 313 sièges, fourchette qui s'élève entre 287 et 325 sièges selon l'enquête conduite par Harris Interactive pour LCP.

ipsos Etude Ipsos Public Affairs

L'enquête CSA pour BFM-TV-RMC et 20 Minutes conforte ces prévisions.

Un très bon score à peine entaché par le drame politico-conjugal provoqué par le tweet assassin de Valérie Trierweiler contre Ségolène Royal, geste désapprouvé par deux Français sur trois (69%), selon un sondage réalisé par Harris Interactive pour le magazine Gala.

Une majorité de Français souhaite d'ailleurs que François Hollande dispose d’une majorité à l’Assemblée Nationale, proportion qui connaît une hausse continue depuis le soir du second tour de l’élection présidentielle (59%, +14 points)  selon une autre étude Harris Interactive pour LCP.. Et désormais, 36% des inscrits désirent voir le Parti Socialiste disposer seul de la majorité absolue, contre 26% avant le premier tour du scrutin.

harris Etude Harris Interactive pour LCP

Autre enseignement, les écologistes semblent en mesure d'obtenir un groupe à l'Assemblée, les projections leur accordant entre 11 et 20 sièges. Le Front de Gauche pourrait en revanche perdre le sien et reculer en nombre de députés.

L'UMP PRISE EN ÉTAU ENTRE LE NI ET LE NI

 

En refusant de choisir entre le front républicain et le Front national dans les circonscriptions où le parti ne s'est pas qualifié au second tour, l'UMP espérait préserver la cohésion entre son aile droite et son aile gauche, sans braquer un électorat frontiste essentiel pour espérer gagner des sièges le 17 juin. Las, la stratégie a connu des ratés, quelques candidats UMP n'hésitant pas à pactiser avec le FN contre l'avis de la direction nationale.

Une confusion qui n'a pas échappé à l'opinion publique.  Près d'un Français sur deux (46%) dont 83% des sympathisants de gauche juge que l'UMP a adopté une attitude "trop proche" à l'égard du Front national pour le second tour des élections législatives, selon un sondage BVA pour le Parisien et Aujourd'hui en France paru ce vendredi.

37% estiment qu'elle n'a été ni trop, ni pas assez proche du parti de Marine Le Pen, pourcentage dans lequel on retrouve, assez logiquement, une très grande majorité (68%) de sympathisants de droite.

L'enquête de CSA témoigne à sa manière de l'écartèlement de l'électorat UMP. Alors que 60% des sympathisants lepénistes sont favorables à une alliance avec l'UMP, seuls 44% des sympathisants de la droite parlementaire y seraient favorables, contre 54% qui s'y refusent.

csa Enquête CSA pour pour BFM-TV-RMC et 20 Minutes

Quel que sera le résultat du scrutin dimanche, certains à droite tirent déjà la sonnette d'alarme. "Sur le long terme, cela ne suffira pas", a ainsi estimé l'ancien ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire sur Radio Classique. "Si nous voulons retrouver l'écoute de tous les Français, il faut que nous fassions preuve de beaucoup plus d'audace dans nos propositions, beaucoup plus de sens de la vérité sur la gravité de la situation économique du pays".

En attendant, la droite semble en mesure de minimiser la casse, en restant au-dessus de la barre des 200 députés. Selon les projections de TNS Sofres, l'alliance UMP-NC-PR totaliserait entre 210 et 240 élus.

CES TÉNORS QUI POURRAIENT CHUTER

 L'enjeu est local, mais il engage l'avenir de ces ténors politiques, pris au piège d'une circonscription qui devait leur être acquise et qui pourrait bien leur échapper. Parmi les plus exposés, Nathalie Kosciusko-Morizet, ancienne ministre UMP, est malgré tout en position légèrement favorable au second tour des législatives dans son fief de l'Essonne, avec 51,5% des intentions de vote selon un sondage Ifop-Fiducial publié jeudi. "Le duel s'avère néanmoins très serré entre les deux protagonistes", prévient l'Ifop, d'autant que la marge d'erreur avoisine 4 points. Impossible de prédire l'impact de l'appel de Marine Le Pen à faire battre l'ex-porte-parole de Nicolas Sarkozy dans les urnes.

Autre figure de proue en danger, Ségolène Royal pourrait être battue dimanche dans la 1re circonscription de La Rochelle avec 45% des intentions de vote contre 55% à Olivier Falorni, candidat dissident du PS, selon un sondage BVA pour le Parisien et Aujourd'hui en France paru ce vendredi. Si les voix de la droite, éliminée au premier tour, semblent davantage se reporter sur Olivier Falorni, Ségolène Royal serait toutefois en progression de 3 points par rapport à un précédent sondage de Ifop Fiducial qui lui accordait seulement 42%.

La cote de l'ancienne compagne de François Hollande reste nationalement négative: près de deux tiers des Français (60%) ne souhaitent pas voir Ségolène Royal élue députée dimanche, selon Harris Interactive. Un souhait qu'il n'appartient qu'aux Rochellais de démentir.

RIEN N'EST JOUÉ POUR LE FRONT NATIONAL

 C'est le grand suspense du second tour. Le FN parviendra-t-il, après 25 années de disette, à retrouver les bancs de l'Assemblée nationale. Les projections en siège ne l'excluent pas: Ipsos envisage entre 0 et 2 élus, Harris Interactive entre 0 et 4, TNS-Sofres entre 0 et 3, et CSA entre 1 et 4.

Marine Le Pen, Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard... Trois personnalités du parti d'extrême droite ont de sérieuses chances de l'emporter ce week-end, mais chaque victoire sera d'un cheveu, à l'image de la bataille que mène la nièce de Marine Le Pen dans le Vaucluse. Selon une enquête BVA pour Vaucluse matin et Le Dauphiné publiée vendredi, Marion Maréchal-Le Pen (FN) se classe en tête (36,5%) dans la triangulaire qui doit l'opposer dans la 3e circonscription du Vaucluse à la socialiste Catherine Arkilovitch (PS) et au député sortant UMP Jean-Michel Ferrand (34,5%). Mais attention à l'abstention qui pourrait rebattre les cartes du scrutin en faveur du député sortant. La marge d'erreur statistique (2,5 points) et un gain de 2 à 3 points à droite qu'il peut encore réaliser dans les dernières 48 heures suffiraient à mettre les adversaires à égalité.

"Il suffirait qu’une infime part des 77% de sympathisants de gauche comptant voter Arkilovitch ne se résolvent à un « vote utile » Ferrand pour que cela barre la route de l’Assemblée à Marion Maréchal-Le Pen", prévient Gaël Sliman, directeur général de BVA. Le FN aurait donc tort de se réjouir avant l'heure.