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Le blog de la Gauche du Réel à Maisons-Alfort
4 octobre 2007

EADS : Comment l'Etat a-t-il pu laisser faire ?

François HOLLANDE sur le dossier EADS: « comment le gouvernement a-t-il pu laisser faire ? »

hollande-rmc-info.jpgFRANÇOIS HOLLANDE vient d'accorder une interview au Parisien, sur le scandale EADS. Les propos recueillis par Renaud Dély sont reproduits ci-dessous.

Le Parisien: sommes-nous en présence, selon vous, d'une affaire d'Etat ?

François Hollande. D'abord, si les faits sont avérés, on peut s'indigner que les dirigeants d'EADS aient pu commettre de tels délits d'initiés et appeler dans le même temps leurs salariés à faire des efforts considérables pour sauver l'entreprise. La revendication des syndicats de renégocier le plan Power 8 me semble légitime. Par ailleurs, s'il se confirme que l'Etat savait, dès novembre 2005, que l'entreprise EADS allait avoir des difficultés dues à des retards de fabrication, I faut se demander comment le gouvernement de l'époque, qui est à peu près le même qu'aujourd'hui, a pu laisser les deux principaux actionnaires privés, les groupes Lagardère et Daimler, vendre leurs titres alors que les cours étaient au plus haut et qu'il savait qu'ils allaient dégringoler. Et comment l'Etat a-t-il pu laisser la Caisse des dépôts et consignations racheter les titres de ces actionnaires privés alors qu'il savait qu'ils allaient perdre de leur valeur ?

Le gouvernement est donc complice d'un délit d'initiés qui a servi des intérêts privés au détriment de l'intérêt général ?

L'Etat doit faire toute la transparence. Je demande que tous les documents qui ont été adressés à Thierry Breton, alors ministre de l'Economie et des Finances, par l'agence de participation de l'Etat, soient rendus publics. Je demande aussi que la Caisse des dépôts dise si elle avait été informée par l'Etat de la situation d'EADS au moment où elle a racheté ces titres. Si l'Etat savait et a laissé faire, s'il a laissé vendre les uns et acheter les autres, alors nous sommes en présence d'une affaire d'Etat. C'est pourquoi une commission d'enquête doit se pencher sur le rôle de l'Etat actionnaire. Ce qui relève de la justice, c'est le délit d'initiés, ce qui relève de la responsabilité politique, c'est d'avoir laissé faire.

Nicolas Sarkozy doit-il intervenir ?

Il s'exprime sur tellement de sujets qu'il doit le faire sur cette affaire qui concerne un gouvernement auquel il a appartenu. Et nous dire s'il juge normal, au nom du principe « travailler plus pour gagner plus », que des salariés soient les seuls amenés à faire des efforts pour sauver une entreprise dont les dirigeants encaissent en quelques heures des plus-values considérables sur la vente de leurs stock-options. Et s'il trouve normal qu'un groupe privé comme Lagardère puisse ainsi vendre au plus haut ses titres au détriment de la Caisse des dépôts et donc de la collectivité publique.

Sa proximité revendiquée avec de grands patrons, à commencer par Arnaud Lagardère, pose-t-elle un problème de transparence quant au bon fonctionnement de la démocratie ?

A force de s'afficher avec des chefs d'entreprise, de revendiquer leur amitié, de partager leur mode de vie, il n'est sans doute pas toujours très simple de faire clairement la distinction des intérêts. Mais on ne peut pas être victime d'un délit d'amitié. Seul existe le délit d'initié, et c'est sur celui-là que la justice doit se pencher.

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