Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog de la Gauche du Réel à Maisons-Alfort
6 septembre 2011

Sauver l'école !



Sauver
l’école



Ce lundi 5 septembre, pour 12 millions d’élèves, pour leurs professeurs, pour leurs parents, c’est la rentrée. Cette année, plus que jamais, ce moment est placé sous le signe du doute, de l’inquiétude, voire d’une véritable exaspération. De cette angoisse qui monte, je veux ici me faire l’écho. Et tenter, alors que notre pays est à la croisée des chemins, d’esquisser quelques pistes de réflexion.

A force d’avoir été affaiblie, désarmée, démantelée, l’école n’a, de fait, plus
les moyens d’assurer les plus élémentaires de ses missions : permettre,
dans le primaire, l’acquisition des savoirs fondamentaux (le taux d’élèves
entrant en 6ème sans savoir déchiffrer un texte s’élève à près de 30%) ;
garantir, tout au long de la scolarité dés la maternelle, l’égalité des
chances (jamais depuis longtemps la mobilité sociale n’a été à ce point
bloquée dans notre pays); éveiller les consciences et ouvrir les esprits des
enfants, les préparer à affronter la vie telle qu’elle est.

Face à un tel constat, que faire ? D’abord, pour reprendre la formule
consacrée, revaloriser le statut et les carrières des enseignants… Mais je
voudrais, précisément, que ce soit plus qu’une formule.
« Revaloriser », cela devrait vouloir dire, en premier lieu, les
rémunérer à la hauteur de leur travail, de leur mérite, et de l’importance que
représente leur charge pour le présent et l’avenir d’une civilisation. Certes
les finances publiques sont si exsangues que toute promesse, en la matière,
serait, dans l’immédiat, inconséquente ou démagogique, mais dès que des marges
auront été dégagées pour le redressement de la France, rendre justice aux
professeurs devra être une priorité.

En attendant, « revaloriser le statut des enseignants », cela
consistera à les traiter différemment, à moderniser leurs conditions de
travail, et, avant tout, à leur parler autrement. Il est temps que cesse
l’arrogance des discours satisfaits et désinvoltes, et que la parole publique,
quand elle s’adresse aux professeurs, retrouve le respect et la gratitude qui
inspiraient, il y a près d’un siècle et demi la lettre de Jules Ferry à
« Monsieur l’Instituteur » : « Votre tâche est de
toutes la plus délicate ; permettez-moi d’ajouter que c’est aussi celle
qui vous laissera les plus intimes et les plus durables satisfactions. Je
serais heureux si j’avais contribué par cette lettre à vous montrer toute
l’importance qu’y attache le gouvernement de la République…»
. En 2012, il
faudra que les pouvoirs publics réapprennent ce langage de l’élégance et de
l’humilité.

Au-delà des discours, l’urgence sera aussi de cesser de considérer le service
public de l’éducation comme une variable d’ajustement. 60 000 postes ont
été supprimés dans l’éducation nationale depuis 2002. Le résultat, c’est qu’il
n’y a, de fait, pas assez d’enseignants dans notre pays, à tel point que des
étudiants et des retraités doivent désormais contribuer aux remplacements.


Il faudra, en outre, se redonner les moyens d’assurer aux enseignants une
formation, initiale et continue, digne de ce nom. Depuis la disparition des
IUFM, brutalement décidée par le pouvoir actuel, de jeunes professeurs se
retrouvent, à peine sortis des bancs de l’université, face à des classes
souvent très difficiles (en vertu de cette règle absurde, qui veut que les
tâches les plus ardues soient confiées aux moins expérimentés). Il sera
nécessaire de rompre totalement avec cette logique : les jeunes
enseignants doivent être accompagnés, au début de leur carrière, et ils ne
peuvent passer sèchement et directement de leurs études à l’exercice d’un
métier si exigeant et si dur.

Enfin et surtout, il y a une clef à la réforme de l’école. J’ai eu l’occasion
de le dire, je le réaffirme ici avec force : pour assurer l’égalité des
chances, il conviendra d’assumer l’inégalité des moyens. Entendons-nous
bien : l’éducation nationale est un service public, et à ce titre il doit
par définition être universel, sans distinction fondée sur l’origine ou sur le
territoire. Mais précisément pour accéder à cette universalité, il faudra
donner plus à ceux qui ont moins, et moins à ceux qui ont plus. Martine Aubry a
su, cette semaine, le dire très clairement: un gouvernement de gauche devra
avoir l’audace d’envisager des classes de vingt élèves dans les zones les plus
difficiles, ce qui supposera des classes de quarante élèves dans certains
lycées plus favorisés… C’est ainsi que sera garantie l’égalité réelle.


Comme l’hôpital, comme la police, comme tous les grands services publics,
l’école, dans notre pays, est sinistrée. De 2012 à 2017, nous aurons à lui
rendre sa dignité, sa noblesse, ses moyens, et sa confiance en elle-même. Cela
passera, une fois encore, par la clarté, et surtout par le courage. Soyons
prêts. Car il ne s’agit pas seulement de réformer notre école : l’enjeu,
c’est de la sauver.

Bertrand Delanöe

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Le blog de la Gauche du Réel à Maisons-Alfort
Publicité
Archives
Le blog de la Gauche du Réel à Maisons-Alfort
Derniers commentaires
Publicité