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Le blog de la Gauche du Réel à Maisons-Alfort
2 mars 2009

la montée inquiétante du chômage

La nouvelle tombée mercredi est plus que préoccupante. Le chômage, en janvier, a cru de 4,3 %, touchant désormais plus de 2,2 millions de personnes. En un an, ce sont plus de 300 000 demandeurs d'emploi supplémentaires qui ont été enregistrés au « Pôle emploi ». Il s'agit, tout simplement, d'un record, un triste record, d'une dégradation sans précédent depuis 1991, première année du calcul du nombre de chômeurs selon les modalités actuelles. Ces chiffres terribles traduisent la dureté de la crise économique et sociale. Ils concernent tous les âges, toutes les catégories : les moins de 25 ans (+ 5,1 %) les 25-49 ans (+ 4,1 %) les plus de 50 ans (+ 3,9 %). Les licenciements économiques explosent (+ 23,5 % sur 3 mois), ainsi que les fins de mission d'intérim (+ 7,8 %) et les fins de CDD (+ 7,2 %), alors que les offres d'emploi reçues par « Pôle emploi » s'effondrent (- 15,4 % en un mois).

Ces données relancent la crainte d'une crise systémique, sur le modèle des années 30. Il est vrai que les prix baissent, que la récession s'installe, que le système financier, malgré les centaines de milliards d'euros ou de dollars injectés, reste instable, fragile. La France, au demeurant, n'est pas la seule, ni la plus touchée. Les Etats-Unis, l'Espagne, la Grande-Bretagne, l'Allemagne même le sont tout autant. Il est clair, hélas, que les plans de relance décidés par les gouvernements occidentaux n'ont pas permis, jusqu'à présent, d'inverser la tendance ni même de stopper la chute des économies. Le mal, en réalité, est profond. Il est financier, avec l'accumulation d'une pyramide de dettes malsaines, permise par un système bancaire sans contrôle. Il est économique, avec le recul conjoint de la consommation et de l'investissement. Il est psychologique et politique, marqué par la disparition de toute confiance des agents dans la viabilité du système économique et dans les principaux dirigeants de la planète. Il montre aussi une défaillance de la régulation, dont témoigne le caractère désordonné, trop peu coordonné en tout cas – même si, pour le coup, la riposte l'est infiniment plus qu'en 1929, dans un contexte il est vrai totalement différent, dans une économie désormais globalisée – des réactions des Etats.

Faut-il pour autant désespérer ? Je ne le pense pas. D'abord parce que, même maladroitement, même tardivement, même insuffisamment, les « stabilisateurs automatiques » se sont mis en place. Parce que des politiques conséquentes de soutien de l'activité ont été déployées. Elles doivent être améliorées, renforcées bien sur – je pense au premier chef à la riposte européenne, sous-dimensionnée, et au plan français, trop chiche, trop déséquilibré – mais elles ne sont pas sans effet – en tout cas, elle ne le seront pas. Parce que le cycle économique finit toujours par se renverser. Enfin, et surtout, parce que je crois toujours, dans la recherche de la confiance, à l'utilité de la politique. Je pense avant tout, en écrivant cela, au premier « discours sur l'Etat de l'Union » de Barack Obama. Je n'ai jamais succombé, on le sait, à l' « obamania », je crois qu'elle est le pire ennemi du nouveau Président. Mais il faut saluer ce grand discours pour ce qu'il est, un acte de volonté et de foi en l'avenir, une nouvelle version de l' « audace de l'espoir », dont le candidat démocrate avait fait son étendard. Obama, évidemment, s'adresse d'abord à son peuple, il veut ressusciter le rêve américain. Mais il annonce aussi des années de grande transformation : plan de relance énorme, changements du capitalisme pour en finir avec « l'ère de l'avidité de Wall Street », volonté de réformes pour l'assurance maladie, la recherche de nouvelles sources d'énergie, la limitation des gaz à effet de serre, l'accès à l'éducation, rigueur budgétaire, grâce à l'annulation des réductions d'impôts consenties aux plus riches. Le tout conclu par une envolée optimiste : « ce soir je veux que chaque Américain sache ceci, nous devons reconstruire, nous relever et les Etats-Unis d'Amérique en sortiront plus forts qu'avant ». Barack Obama n'avait pas ébloui par son discours d'investiture, il a cette fois placé la barre très haut, peut-être trop haut, affirmant l'ambition d'être à la fois un rassembleur à la Lincoln et un refondateur à la Roosevelt. Je ne sais s'il réussira, je ne suis pas certain que la reprise soit, comme certains l'affirment, pour le début 2010, et je ne préconise pas l'application de son programme à l'Europe ou à la France – il est démocrate et américain, je suis socialiste, français et européen. Mais ce discours a de la trempe, de la cohérence, il porte une vision, il est bien autre chose que les prestations brouillonnes, narcissiques dont nous abreuve quasi-quotidiennement Nicolas Sarkozy. J'ai toujours cru, au delà des mécanismes mis en évidence par Marx, affirmant le poids de l'infrastructure par rapport à la superstructure, au rôle des leaders dans l'histoire. C'est sans doute ce qui manque à l'Union européenne et à la France. Il y a bien, à Washington, une voix qu'il faut écouter, une voie qu'il faut suivre. [...] P. Moscovici

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