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Le blog de la Gauche du Réel à Maisons-Alfort
1 décembre 2009

premier anniversaire!

Il y a un an, au lendemain du Congrès de Reims, Martine Aubry devenait, dans la douleur, Première secrétaire du Parti socialiste. Un an après, où en sommes-nous ? Les avis sont très partagés. Pour les partisans de la direction, nous nous serions remis au travail, nous préparant avec méthode aux régionales de 2010 et à l'alternance nationale de 2012. Pour ses détracteurs, le PS serait en jachère, immobile ou régressif, ce qui justifierait une attitude marquée d'opposition interne. Ne me croyez pas centriste ou adepte des jugements de Salomon : en essayant d'être objectif, de faire la part des choses, j'ai le sentiment que nous sommes au milieu du gué, en progrès mais encore en retrait.

Ne revenons pas sur le premier semestre de l'année

2009. L

'exercice pourrait être cruel. Je ne veux pas épiloguer sur le Congrès lui-même, tout a été dit. Absence de contenu, absence de synthèse, absence de majorité, absence de vrais clivages : ce fut un ratage absolu, conclu par l'élection controversée de la première secrétaire. Il n'était pas illogique, dans ces conditions, que le démarrage de la nouvelle équipe, très hétéroclite, fortement contestée d'emblée, peu légitime, ait été laborieux. Cafouillages répétés, positions incertaines, constitution difficile des listes européennes, effort programmatique modeste, et aussi « savonnages de planche » en règle : l'addition fut payée lors des élections européennes de juin 2009, qui ont été un des pires résultats électoraux de notre histoire, au point de susciter ici ou là, la crainte – l'espoir pour certains – de la mort du Parti socialiste.

Depuis la rentrée 2009, le paysage a changé. Bien sûr, tout n'est pas rose. Notre vie est jalonnée de soubresauts et de rechutes – la publication d'un brûlot sur les « fraudes » supposées de Reims, mettant à nu certains de nos dysfonctionnements collectifs, la consternante querelle de Dijon. Et notre production reste insuffisante, alors que notre expression demeure parfois approximative. On aimerait trouver, chez les socialistes, plus d'intelligence collective, de cohésion, d'humanité, de plaisir d'être ensemble, de camaraderie – j'ose à nouveau ce mot que d'aucuns semblent avoir oublié. Je suis bien conscient, pour vivre aux côtés de nos concitoyens, que nos divisions exaspèrent, que nous ne répondons pas à toutes les attentes qui se portent vers nous, que nos idées ne convainquent pas, et d'abord parce qu'elles sont trop minces, que la tentation d'un « ailleurs » ou d'un « autrement » existe à gauche – nous ne devons pas la sous-estimer. Mais je pense aussi qu'il y a, depuis la Rochelle, un mieux incontestable. Je ne suis pas certain que Martine Aubry se soit installée rue de Solférino avec un grand plaisir – ni qu'elle y soit heureuse tous les jours : cela s'est vu, cela se voit encore parfois. Mais elle a, depuis un trimestre, revêtu l'habit du chef de Parti. Elle est plus présente – elle peut l'être davantage encore. Elle a entamé un tour de France, discret mais j'espère consistant. Et surtout, elle a ouvert des chantiers, celui de la rénovation de notre organisation, avec la décision de principe d'organiser des primaires, celui du renouveau intellectuel, avec la Convention nationale sur le modèle de développement – nous installons, ensemble, les Présidents des 13 ateliers de travail mardi 1er décembre. Sa sobriété, qui peut paraître excessive, est un atout quand des tempéraments plus exubérants s'opposent avec une violence qui choque. Martine Aubry a des ambitions présidentielles, elle n'en fait plus vraiment mystère – tant mieux, l'hypocrisie n'est pas une vertu. Je ne me prononcerai pas là-dessus, pas davantage que sur les aspirations d'autres camarades. Mais qui peut se plaindre d'un rebond du parti ? Ce n'est pas mon cas, j'essaie au contraire dans ma position un peu singulière – loyale et libre, toujours - d'y contribuer. Soyons toutefois conscients qu'il est nécessaire d'accélérer, de hausser notre niveau : nous sommes encore loin du compte, et pas tout à fait dans le rythme.

Car nous sommes loin d'avoir résolu notre triple crise, que j'analyse dans « Mission impossible ? ». Le chantier idéologique reste encore largement à défricher : qu'est-ce qu'être socialiste au 21ème siècle, dans un monde qui connaît bien des bouleversements, comment être vraiment de gauche et totalement réformiste ? La question des alliances reste ouverte : comment parvenir, à partir d'oppositions disparates, hétérogènes, à former une majorité pertinente face à une droite minoritaire mais compacte ? J'ai souvent donné ici ma réponse : c'est d'abord en nous renforçant, en redevenant un parti cohérent et attractif, que nous retrouverons un pouvoir de rassemblement autour de nos idées, sans retomber dans les délices des combinaisons artificielles ou dans la tentation des « 3èmes forces ». Il y a, enfin, la question du leadership : qui peut affronter et battre Nicolas Sarkozy ? Nous n'avons plus, depuis le départ brutal de Lionel Jospin au soir du terrible 21 avril 2002, de chef incontestable, capable à la fois d'entraîner le parti et de convaincre l'opinion. Il reviendra aux primaires – qui devront être suffisamment proches de l'élection pour peser sur elle, suffisamment loin pour permettre le rassemblement – d'y pourvoir.

On comprendrait mal, à ce stade, que je ne dise pas un mot sur l'homme qui occupe beaucoup de discussions, ici et ailleurs, Dominique Strauss-Kahn. Je ne suis plus, je l'ai dit, son « lieutenant » - il est à Washington et n'a pas à avoir de fondé de pouvoir dans le Parti socialiste, je suis un acteur à part entière de notre vie politique nationale et locale, je m'y consacre totalement. Mais je reste fidèle aux idées que nous avons si longtemps défendues ensemble, mon affection pour lui est intacte. J'observe donc son parcours avec intérêt. Manifestement la France ne le laisse pas indifférent – c'est un euphémisme – et il ne semble pas insensible à la faveur des sondages. Il me paraît aussi lucide sur leur caractère éphémère - « peut-être m'aiment-ils parce que je suis loin » - et d'une prudence salutaire – il est avant tout Directeur général du FMI. Mon attitude à son endroit est clairement définie, et ne variera pas. S'il est une chance pour la France, il faudra la saisir : je ne crois pas sain que quiconque empêche une possibilité – celle-ci ou une autre d'ailleurs – de rassemblement du Parti et de la gauche. Mais il ne s'agit que d'une hypothèse soumise à de nombreux aléas – ses propres choix, la situation du parti et de la gauche, les aspirations du pays dans plus d'un an - et rien ne serait pire qu'un recours qui se déroberait sans qu'une alternative consistante n'ait été préparée – nous avons vécu cela en 1995. Alors, comme d'autres, je me prépare, avec esprit de responsabilité – l'essentiel, pour moi, est la victoire d'une gauche durable en 2012 – mais avec une détermination totale et tranquille.

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